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Chapitre 18 - L'histoire du singe nain au parasol rose fuschia

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  Le singe nain au parasol rose fuschia n'est plus tout jeune. C'est du moins ce que Davina aime à lui faire croire - pour aiguiser sa niac ! Et pourtant il se souvient de son embauche comme si c'était hier, quand il n'était encore qu'un singe nain - tout simplement. Son sourire d'alors était franc, direct, son crâne, intact de tout forage. Il le faisait reluire tous les matins dans une petite cabane située à côté du grand chemin menant au mur d'enceinte. C'était un lieu à part caché du regard par les feuilles des palétuviers. Un lieu qu'après la 6ème reconduction de son CDD, il avait commencé à considérer comme son foyer. Il avait une seule pièce. Elle était aménagée avec soin. Des feuilles de bananiers mélangées à de la terre formaient une épaisse couche isolante qui rendait les nuits solitaires du singe nain un peu moins humides que celles passées au pied d'un arbre, au cœur de la jungle. Des lianes finement tressées accrochées par pairs au pl

Chapitre 17 - La fierté de Christophe

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    - Ne vous dé-plaise, en dansant la Javaaanais-euh… Le singe nain au parasol rose fuschia se tourna vers Davina et murmura : - Que faites-vous ? Davina était assise sur un banc devant une des tables de banquet. Elle mâchouillait un os, les yeux dans le vide. - Tu connais La Javanaise ? demanda-t-elle. - Non. - Je peux te l'apprendre si tu veux. C'est facile à chanter. - À quoi ? Le singe nain au parasol rose fuschia se tira de cette conversation comme on se tire d'un mauvais rêve. Il écarquilla très fort les yeux, s'ébroua la tête puis la tourna vers les prisonniers. Deux de ses collaborateurs les plaçaient en file indienne, pour les faire défiler devant la patronne. Christophe était le premier de la file. Il se balançait de gauche à droite, et faisait des petits sauts sur place, comme pour se préparer avant un événement sportif. Ses dents et ses gencives étaient toutes dehors. Il leur donnait des petites pichenettes, afin d'en éprouver la fermeté. Il était prêt,

Chapitre 16 - L'inspection des prisonniers

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- Davina dit : j'entre dans la salle de réunion ! Le singe nain avait une attention particulière pour sa toilette. Il se brossait les poils soigneusement chaque matin. Il jetait les parasites de sa fourrure dans une poubelle, disposée à côté d’un grand miroir. Enfin, avant de quitter sa chambre pour rejoindre Davina, il enfonçait d’un coup sec le pied de son parasol rose fuschia dans sa fontanelle, au centre de sa tête. Aucun liquide ni solide ne sortaient par ses oreilles à ce moment-là. Aucune douleur ne venait entamer son rituel. Mais certains chuchotaient derrière son dos. Des collègues lui trouvaient une posture peu alignée avec les valeurs de la SAGEREP. “Des chairs sanguinolentes, sur le visage de préférence, une odeur forte, une voix mal assurée oscillant entre les aigus et les graves, une voix qu'on peut confondre avec mille, toutes ces caractéristiques sont l'assurance d'une intégration réussie” disait le chapitre 5 du Règlement Intérieur de la SAGEREP. Le sin

Chapitre 15 - Les insomnies de Davina

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  - Je sens que je ne vais pas arriver à dormir cette nuit, se dit Davina, en boutonnant le haut de son pyjama. Des poils sortirent de son échancrure comme deux garnements filant après avoir fait une bêtise. Gênée, elle attrapa un grand couteau effilé sur sa table de nuit, leur fit un sort et les laissa mourir sur le plancher. Ce n'est pas que Davina était coquette - son emploi du temps ne lui permettait pas, c'est juste qu'elle ne laissait rien au hasard. Davina se coucha dans son lit de bois et tira sa couverture rêche sur son corps. Sans un coussin entre son crâne et l'armature de son lit, son esprit fonctionnait beaucoup plus rapidement et efficacement. Et c'était tant mieux. “Seuls les plus futés survivent dans la jungle”. Depuis les premiers jours de la guerre entre le Syndicat et la SAGEREP, elle vivait par cet adage. Dès les premières nuits de la guerre, ses rêves, que son sommeil inconfortable rendaient particulièrement vivaces, étaient pleins de bruit, de

Chapitre 14 - Benoît et Willy rencontrent la Présidente de la SAGEREP

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      - 997… 998… 999… (Davina comptait sur ses doigts couverts de sauce rouge, en même temps de les nettoyer à grand coup de langue), 1 000 ! Lui, là, lui, en haut, ce sera le 1 000 ème ! dit-elle en exhibant ses gencives sales et abîmées. Solidement attaché à une poutre de soutènement, l'éléphant voyait tout du banquet se déroulant sous ses pieds. Depuis tout petit, il comptait soigneusement les nuées de perroquets qui passaient au-dessus du camp du Syndicat. Progressivement, il avait appris à les distinguer par paquets de 10, 30, 50. Avec les cadavres de ses congénères, la chose n'était pas très différente. Oui, il y en avait bien mille au bas mot disposé sur la table en-dessous de lui. Mais il n'avait aucun carnet sur lequel noter cette observation. - C'EST-UN-RÊVE-ÉVEILLÉ ! Ah ah j'adore ! répète, toi, là-haut le nain, dit Davina en balançant une tête  sanglante découpée façon bouchère, vers le plafond. Willy, tout d'abord, fut surpris. Était-ce à lui que D

Chapitre 13 - Bienvenue à la SAGEREP !

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  " Davina dit : L'INCENDIE NOUS ÉCLAIRE. Davina dit : JE FAIS DU ROLLER LE LONG D'UNE PLAGE BAIGNÉE PAR LE SOLEIL, ÉCOUTEZ-MOI. Davina dit : JE SUIS UN ÊTRE HUMAIN, REGARDEZ-MOI." Benoît et Willy firent leurs premiers pas dans le camp de la SAGEREP, les mains liées et le cou ceint. Un grand classeur de couleur grise protégeait des dangers du soleil la troupe et leurs deux prisonniers. Sur la place centrale, sous un gigantesque parasol couleur fuchsia, un singe pourvu de lunettes de soleil rondes et atteint de nanisme hurlait dans un mégaphone les dits de Davina. Il était seul. D'une multitude de trous de taupe creusés autour de lui sortait des bruits de couverts, d'assiettes, des voix joyeuses et des odeurs de viande. - Davina dit : ils doivent s'endormir pour se réveiller, chuchota le singe sous le parasol, à l'attention du groupe arrivant sur les lieux. - Eux ? dit une voix non identifiée. Et le groupe à l'unisson pointa Benoît et Willy du doigt

Chapitre 12 - Benoît et Willy sont fait prisonniers par des soldats de la SAGEREP

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    - Aucune initiative n'est autorisée ! Davina décide de la suite des événements ! VOUS AVEZ COMPRIS ??!! La chair décomposée des singes entourant Willy et Benoît empuantait l'air du matin, d'habitude chargé de rosée. Ils étaient 10 et chacun de races différentes. - On est en retard… Benoît reconnut sous les croûtes sanguinolentes et les yeux révulsés quelques bonobos. Il y avait aussi un mandrille, un peu plus petit que Christian, son responsable à la SAGEREP, qui n'était déjà pas bien grand. - On est en retard, putain. Les races des autres singes entourant les deux infortunés étaient indiscernables, tant leurs pelages, leurs yeux et leurs crocs étaient recouverts de moisissure noire et de sang séché. Willy, lui, ne reconnut personne. Il était seul depuis sa plus tendre enfance, et ne cesserait jamais de l'être. - ON EST EN RETARD, PUTAIN ! DAVINA VEUT QUE NOUS SOYONS AU CAMP DE LA SAGEREP À L'AUBE. ALORS ON SE BOUGE LE CUL LES GUIGNOLS ! Benoît, assis par te