Chapitre 13 - Bienvenue à la SAGEREP !

 



" Davina dit : L'INCENDIE NOUS ÉCLAIRE.

Davina dit : JE FAIS DU ROLLER LE LONG D'UNE PLAGE BAIGNÉE PAR LE SOLEIL, ÉCOUTEZ-MOI.

Davina dit : JE SUIS UN ÊTRE HUMAIN, REGARDEZ-MOI."

Benoît et Willy firent leurs premiers pas dans le camp de la SAGEREP, les mains liées et le cou ceint. Un grand classeur de couleur grise protégeait des dangers du soleil la troupe et leurs deux prisonniers. Sur la place centrale, sous un gigantesque parasol couleur fuchsia, un singe pourvu de lunettes de soleil rondes et atteint de nanisme hurlait dans un mégaphone les dits de Davina. Il était seul. D'une multitude de trous de taupe creusés autour de lui sortait des bruits de couverts, d'assiettes, des voix joyeuses et des odeurs de viande.


- Davina dit : ils doivent s'endormir pour se réveiller, chuchota le singe sous le parasol, à l'attention du groupe arrivant sur les lieux.

- Eux ? dit une voix non identifiée. Et le groupe à l'unisson pointa Benoît et Willy du doigt.

- Bah oui, répondit le singe sous le parasol, tout penaud que son ton grandiloquent n'eût pas eu l'effet de profonde compréhension escompté.

- Bah comme d'hab, quoi, conclut une voix différente.


Le singe nain se dandina jusqu'à Benoît et Willy, que la chaleur écrasait au sol, et fila à chacun un méchant coup de poing entre les jambes.

Une centaine de rires remplirent l'espace sonore autour de Benoît et Willy. Des meutes de perroquets se précipitèrent dans le camp, pour tourner autour d'eux en caquetant. Tout à coup, il fit très froid. "Non, je ne veux paaas. J'ai l'impression de ne faire que dormir ces derniers temps" dit Benoît en un souffle. Il regarda Willy. Son visage était tordu par la douleur. Et ils s'évanouirent.

Ce fut la trompe de Willy qui se réveilla la première. Elle tressauta quelques secondes de gauche à droite sur son ventre endormi. Puis s'arrêta soudainement. Ses muqueuses avaient rencontré une aspérité là où il n'y aurait dû y avoir que l' épiderme de la peau. Intriguée, la trompe de Willy tâtonna de gauche à droite, de haut en bas, comme un petit animal fureteur et découvrit bien vite que ces aspérités s'étaient multipliées sur toute la longueur de son petit bidon. Saillantes et acérées, au toucher, elles ressemblaient à de petites défenses. Tout à coup, des myriades de décharges électriques partirent de ces mystérieuses aspérités et à travers les tissus, le cartilage et le sang, se frayèrent un chemin jusqu'au cerveau de Willy, qui à son tour actionna l'ouverture de ses paupières. Au-dessus de lui, des couteaux de cuisine étaient en train d'être affûtés, des babines étaient en train d'être pourléchées et des fourchettes se tendaient vers sa chair ouverte et écartelée.



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