Chapitre 14 - Benoît et Willy rencontrent la Présidente de la SAGEREP

 

 

 

- 997… 998… 999… (Davina comptait sur ses doigts couverts de sauce rouge, en même temps de les nettoyer à grand coup de langue), 1 000 ! Lui, là, lui, en haut, ce sera le 1 000 ème ! dit-elle en exhibant ses gencives sales et abîmées.

Solidement attaché à une poutre de soutènement, l'éléphant voyait tout du banquet se déroulant sous ses pieds. Depuis tout petit, il comptait soigneusement les nuées de perroquets qui passaient au-dessus du camp du Syndicat. Progressivement, il avait appris à les distinguer par paquets de 10, 30, 50. Avec les cadavres de ses congénères, la chose n'était pas très différente. Oui, il y en avait bien mille au bas mot disposé sur la table en-dessous de lui. Mais il n'avait aucun carnet sur lequel noter cette observation.


- C'EST-UN-RÊVE-ÉVEILLÉ ! Ah ah j'adore ! répète, toi, là-haut le nain, dit Davina en balançant une tête  sanglante découpée façon bouchère, vers le plafond.

Willy, tout d'abord, fut surpris. Était-ce à lui que Davina s'adressait ? C'était un éléphant d'au moins 2 mètres au garrot. À ce titre, il semblait bizarre qu'on l'appelât "le nain". Mais bon, soit, du plafond au sol, du sol au plafond, la perspective pouvait jouer des tours. Davina était excusée. Willy sourit devant la méprise.


Mais la tête de bonobo arrivée à portée de son visage vint changer son humeur du tout au tout.

- Salut gros looser! lança-t-elle, l'air victorieux.

- Benoît ?... Benoît ???

Willy se demanda s' il avait rêvé. Mais la tête déjà entamait sa chute, rendant son identification maintenant impossible. Et, alors qu'il regardait éberlué le visage qu'il croyait être celui de son camarade plongé vers le sol tout en lui tirant la langue, il vit en contrebas Davina quitter la table du festin, suivie progressivement par l'ensemble de ses convives.

- Elle ne m'a même pas accordé un regard, pensa Willy tristement.

Une longue file de singes au port altier et au regard fier disparaissait derrière une porte en bois. Derrière eux, des ombres se faufilaient, à quatre pattes, en longeant les murs, prêtes à dévorer les restes du festin dès qu'on les y aura autorisés.  


- HEY HOOO Y A QUELQU'UN ???

La porte en bois se referma sur le dernier invité avec un claquement sonore qui résonna de paroi en paroi. Les lumières s'éteignirent une à une, à la faveur d'un grand coup de vent, qui fit balancer Willy sur son perchoir. Pour les ombres, le signal était donné. Des bruits de mastication et de disputes violentes s'entremêlèrent. Willy pensa à Benoît et rentra dans une colère noire.

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