Chapitre 12 - Benoît et Willy sont fait prisonniers par des soldats de la SAGEREP
- Aucune initiative n'est autorisée ! Davina décide de la suite des événements ! VOUS AVEZ COMPRIS ??!!
La chair décomposée des singes entourant Willy et Benoît empuantait l'air du matin, d'habitude chargé de rosée. Ils étaient 10 et chacun de races différentes.
- On est en retard…
Benoît reconnut sous les croûtes sanguinolentes et les yeux révulsés quelques bonobos. Il y avait aussi un mandrille, un peu plus petit que Christian, son responsable à la SAGEREP, qui n'était déjà pas bien grand.
- On est en retard, putain.
Les races des autres singes entourant les deux infortunés étaient indiscernables, tant leurs pelages, leurs yeux et leurs crocs étaient recouverts de moisissure noire et de sang séché.
Willy, lui, ne reconnut personne. Il était seul depuis sa plus tendre enfance, et ne cesserait jamais de l'être.
- ON EST EN RETARD, PUTAIN ! DAVINA VEUT QUE NOUS SOYONS AU CAMP DE LA SAGEREP À L'AUBE. ALORS ON SE BOUGE LE CUL LES GUIGNOLS !
Benoît, assis par terre, les mains jointes par une corde en toile de jute, jeta un bref regard vers le désert. Une lumière fugace balayait les dunes. Les perroquets commençaient doucement à refluer vers sa bordure. Tous les signes indiquaient une aube proche. Un instant, il regretta la douce odeur de papier de son bureau, de sa maison, du Syndicat.
- Je ne veux pas bouger, tant que je n'ai pas entendu Davina me le dire par elle-même. Tu n'es pas mon responsable. Tu n'as pas à me dire ce que je dois faire.
Personne ne savait de qui émanait cette voix. Mais personne ne s'en inquiétait non plus.
- Lors de notre point, Davina nous a dit de venir à la rencontre de ces deux couillons. Mais elle nous a pas dit de revenir avec eux pour autant. Elle n'en a fait mention, ni dans la réunion, ni dans le mail de recap' qui a suivi, reprit la voix.
- Mais enfin, c'est évident. Que voulez-vous que l'on fasse une fois ces deux couillons récupérés ? Mourir une fois que le soleil aura atteint l'endroit où nous nous trouvons et les emporter avec nous ?!! s’énerva le mandrille un peu plus petit que Christian.
- Peut-être bien ! Si ce sont… LES DIRECTIVES, j'y… CONSENTIRAI ! dit le singe devant lui.
- Mais ça n'a pas de sens. C'est DÉBILE ! répondit le mandrille, maintenant hors de lui.
Assis sur le sable, Willy regardait la troupe s'écharper. À force de se restreindre, les corps laissaient échapper des gestes involontaires. Untel alpaguant le singe en face de lui, fichait en même temps une tarte à son voisin. L'autre, attendant que ce soit son tour de prendre la parole, labourait le sol de son pied, comme un taureau prêt à charger.
- Tu crois que tu es le chef, mais tu n'as pas eu l'augmentation qui allait avec, dit la voix.
Willy se retourna vers Benoît en projetant du sable tout autour de lui, et comprit soudainement l’origine de la voix.
Le jeune bonobo lui jeta un regard fatigué et plein de compassion, puis leva sa tête vers la troupe de singes de la SAGEREP. Willy remarqua que Benoît avait soudainement bandé tous les muscles de son corps et crut qu'il faisait cela dans le but de se libérer. Mais à la première droite venant percuter l'arcade sourcilière de son ami, il comprit que Benoît ne faisait que se préparer aux coups.
À quelques mètres du sable, la tête de Benoît allait et venait entre les poings. Au-dessus de la scène, les perroquets refluaient maintenant par centaine vers les abords du désert. Le ciel devenait noir et pourtant l'aube était bientôt là.
Alors que ses mains immenses et desséchées étaient au plus haut et s’apprêtaient à retomber avec délice sur la tête de Benoît, le mandrille plus petit que Christian profita de cet instant de grâce, hors du temps, pour jeter un coup d'œil sur le désert. Le soleil faisait scintiller le sable à quelques centaines de mètres d'eux.
- Si vous ne voulez pas frire sur place, on les récupère et on rentre au camp fissa, dit-il en avalant une syllabe sur deux.
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