PARTIE 2 / CHAPITRE 2- Davina lit un article sur la genèse d'une épidémie mondiale



 " Avec 200 000 morts par jour, la France vit depuis 3 semaines sous le joug d'une effroyable épidémie. Alors que l'on recense les premières victimes dans les pays limitrophes, Willy Elephant, Grand Reporter au San Francisco Daily, revient sur la genèse de cette catastrophe dans une enquête inédite en deux parties.


La mort a frappé d’abord les jeunes

J'étais là le 1er mai à Vesoul. J'étais là quand tout a commencé. Dans le centre du village, tout était calme. Dans ses rues, juste quelques âmes. Aux nœuds papillons de guingois, on ne s'y trompait pas : les rares personnes de sorties semblaient ne pas avoir fini leur nuit… "
 

(Davina s'arrêta dans sa lecture." Vraiment ? De la mauvaise poésie ? ", murmura-t-elle en levant les yeux au ciel. Puis elle reprit sa lecture.)

"... Les 50 premières victimes de l'épidémie avaient de 15 à 25 ans étaient tombées dès qu’a sonné minuit. On avait mis les habits du dimanche, pour veiller sur leurs corps. À Vesoul, tous les costumes de qualité étaient confectionnés par Tony, le vieux tailleur italien dont la boutique est située au 12, rue des Martyrs. Ses tissus étaient splendides. Mais ses mains tremblantes et ses yeux myopes ne faisaient pas grâce aux patrons qu'il dessinait lui-même. "

'Avec ses horaires de travail, Davina avait peu de temps à consacrer au sommeil et aux actualités. Quand elle sortait du bureau, il faisait déjà nuit. L'eau brillait sous la lumière de la lune. Alors elle profitait de ses pauses toilettes pour parcourir les actualités et s'offrir quelques micro-siestes.)


"…'Tony fait partie de L'ADN de notre ville. Nous l' aimons tous beaucoup. Mais pourquoi n'a-t-il pas été fauché par l'épidémie à la place de nos jeunes ? À presque 85 ans, à un moment, il faut laisser sa place… ' me confia une mère de 3 enfants, tous morts lors de la nuit fatidique.' Ils venaient tout juste d'entrer dans le monde du travail… '.


Une proximité avec les habitants qui ne donne aucun résultat

Et oui ! Je suis très sympathique ! Je donne aux personnes que je rencontre l'envie de se confier ! Vous voulez une preuve supplémentaire ? Quand je leur ai demandé leur avis sur les raisons du décès de leurs proches, les familles avec qui j'ai veillé les premiers morts de l'épidémie m'ont toutes fait part de la même réponse… "

(Tout à coup, Davina entendit la porte des toilettes s'ouvrir et une voix d'homme vulgaire lui demander si elle avait fini son affaire. Elle mit ses mains devant sa bouche et se fit la plus silencieuse possible. La porte claqua. Le silence à nouveau. Le ronflement de la VMC toujours en fond. Davina reprit sa lecture.)

"... : 'ah ça… c'est la tuile…' Tuile ? Tuile… J'avais commandé un délicieux Macciado avec supplément Chantilly au café du village. Les Vesouliens allaient de-ci de-là, devant mes yeux, avec une triste mine que je ne leur enviais pas. Mon impressionnant cerveau travaillait à toute allure. Alors que Jacques, le patron du café, que les mères éplorées avaient pris soin de me présenter avant de retourner à leurs chaumières, posa ma commande sur la table, je m'entendis dire à haute voix : 'c'est la tuile ?' "Ici, on sera plus sur du speculoos, pour accompagner le café", me répondit Jacques. Puis il s'effondra, mort, devant mes yeux.  Mon enquête tournait court. Et pendant ce temps-là, les morts continuaient de s'accumuler.


De curieux personnages poilus

Après avoir laissé aux services d'urgence le soin d'arriver pour emmener la dépouille de ce pauvre homme, je me levais et continuais de marcher dans Vesoul. Le cerveau plein de questions sans réponses, je mis quelque temps avant de m'apercevoir des ombres me suivant.

" Depuis les toits, des yeux vous regardent ", me dit Bernadette, l'apprentie boulangère, alors que je passais devant sa devanture, qu'elle avait préparé en larmes, au petit matin. Sa mère, Édith, propriétaire des lieux, avait passé l'arme à gauche au petit matin, sans avoir eu le temps de faire les formalités administratives, afin que Bernadette récupère la boulangerie, ou du moins que sa paye soit assurée.

" À chaque coin de rue, de curieux personnages poilus scrutent le moindre de vos pas ", me dit Henri, un des sans-abris de la ville, dont aucun de mes contacts intra-muros ne voulaient savoir quoi que ce soit. Comme si son parcours avant sa déchéance devait à tout prix rester éternellement sous le sceau du secret. " Les singes sont là… Les singes sont là…", entendis-je psalmodier les fidèles, en passant devant l'église du village.

Qui sont ces ombres ? Pourquoi m'ont-elles suivies ? Quel rapport ont-elles avec l'épidémie qui s'est déclarée en France et qui peut-être va s'étendre au monde entier ? Vous le saurez en lisant la 2ème partie de cette enquête exclusive réalisée par votre serviteur, Willy Elephant, pour le San Francisco Daily ! Si nous ne sommes pas tous morts avant ! "

(Davina referma son journal d'un claquement sec. Elle se leva, remonta et reboutonna son pantalon. Enfin, elle tira la chasse et sortit des toilettes en sifflotant " Strangers in the night", sa chanson préférée, avant de se remettre au travail.)


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