DEBUT DE LA PARTIE 2 / Chapitre 1 - Jean-Emmanuel part à la recherche de Benoît


 

Chapitre 1 - Jean-Emmanuel part à la recherche de Benoît 

 

 

- Bernard, Mon Président, pardonnez-moi car j'ai pêché. Je n'ai pas su retrouver les plages de San Francisco, dit Jean-Emmanuel, accroupi dans sa chambre, les yeux vers le plafond empli de moisissure noire, le nez écrasé sur le mur, comme sur une vitre.

 

- Jean-Emmanuel… dit une voix basse à l'étage du dessus. Je voudrais dormir.

 

- Pardonnez-moi, Bernard, mon Président, j'ai laissé Benoît filer entre mes doigts. Je n'aurais pas dû. La peur de la mort par pendaison devait le pousser à me révéler la localisation des plages de San Francisco. Tous les singes de terrain savent que c'est lui qui détient ce secret. J'en avais l'intuition bien avant que l'info soit parvenue à mes oreilles de gorille. Et leur confiance en mon leadership est telle que tous mes singes me l'ont confirmés. Mais il s'est échappé à cause de ces imbéciles de la SAGEREP avant que mon plan ne réussisse.

 

- Jean-Emmanuel… Les entretiens annuels commencent seulement dans deux lunes . Calmez vos angoisses et allez au lit ! … tonna la voix.

 

- Pardonnez-moi Bernard. Je n'ai pas su rattraper Benoît avant sa traversée du désert. Pourtant le rhinocéros m'avait renseigné sur son parcours. Mais je ne sais pas pourquoi, Bernard, Mon Président, je n'ai pas su saisir l'opportunité. Je n'ai pas su lever le petit doigt.

 

- Jean-Emmanuel… Si vous ne vous taisez pas MAINTENANT, vous allez finir comme Willy, L'éléphant, chargé de l'animation et de la communication du Syndicat. VOUS VOYEZ CE QUE JE VEUX DIRE ?

Le plafond trembla et une fine pluie de champignons tomba sur la tête de Jean-Emmanuel. Il ferma les yeux et sourit.

- J'accuse bonne réception de votre message, mon Président … Vous me demandez de faire des heures supplémentaires, de partir dès cette nuit… Vous me demandez de récupérer Benoît au cœur même du camp de la SAGEREP, pour le ramener à la maison et par la torture lui soutirer le secret de la localisation des plages de San Francisco. Je suis le n+2 de Benoît. Il est sous ma responsabilité. Bernard, je ne vous décevrez pas.

Jean-Emmanuel se leva et regarda son reflet dans l'unique miroir de sa chambre. Il avait passé plus de la moitié de sa vie au Syndicat, et il en avait les stigmates : plus aucun poil sur le haut de son crâne de gorille, des paupières lourdes, de grandes cernes, un teint de peau jaunâtre dû à des ulcères répétés, un mal de dos qui le forçait à se tenir légèrement voûté… Durant ces 5 dernieres années, ses performances s'étaient dégradées. Les opérations en territoire ennemi confiées à son service étaient rarement réussites. Des remarques fusaient sur tout et sur rien, dans les couloirs du Syndicat comme dans ses salles de réunion. Jean-Emmanuel s'en rendait confusément compte. Et son ego auparavant si fier et si mâle, ne voulait pas se rendre sans combattre. Il fallait marquer un grand coup. Et la place à part de Benoît au sein du Syndicat lui fournissait un bouc-émissaire tout trouvé pour parvenir à ses fins. Tout le monde trouvait Benoît bizarre, louche, pas clair, ailleurs, à côté de la plaque. Benoît avait une part d'ombre, nul ne pouvait le nier. Jean-Emmanuel décida de s'accaparer cette part d'ombre pour y mettre ce qui pouvait servir ses intérêts. Et qu'importe si Benoît ne savait pas où se trouvaient les plages de San Francisco, sa traque -  héroïque - allait servir à redorer le blason de Jean-Emmanuel. Et la torture qui allait s'ensuivre lui ferait bien dire quelque chose. L'ampoule du plafonnier grésilla quelques secondes puis s'éteint graduellement.

 

- J'y vais, j'y vais ! Je sais que vous m'éloignez temporairement d'ici pour me garder éternellement dans votre cœur. Merci mon Président ! Je ne vous décevrai pas !

Jean-Emmanuel desserra ses mains jointes et d'un doigt remonta ses lunettes rondes sur son nez. Puis il prit son attaché-case au pied de son lit, claqua la porte de sa chambre et sortit dans la nuit.


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