Chapitre 9 - Willy détruit la tente de Benoît et ses amis

 


Le ciel est bleu, et la mer lèche les jambes des jolies filles étalées sur le sable. Benoît a des lunettes de soleil Versace sur le visage, une chemisette Ralph Lauren légèrement échancrée et des rollers Pierre Cardin plaqués or qui filent sur le bitume.


“ Demandeeeez mes armes ! Mitraillettes, bazookas, pistolets… Avec moi, vous avez l’assurance de trouver l’arme qui VOUS convient ! ”

Il frôle un vélo cargo aux couleurs vives, et dont le conducteur s’époumone à répéter à qui veut l’entendre son slogan.

Tout en continuant à fendre l’air, Benoît tourne sur lui-même, baisse sur son nez ses lunettes de soleil Versace de la main gauche, et dit au cycliste :


- Et toi, est-ce que t’es ARMÉ pour ce métier ???!!!


Les passants éclatent d’un rire bon enfant. Les jolies filles se retournent intriguées vers le bord de plage. Benoît remet ses lunettes en place, reprend de la vitesse et s’en va.

Les ombres s’allongent à vitesse grand V. Benoît regarde au loin le soleil plonger dans la mer, et le noir s’installer. Profond, opaque, il l’enveloppe comme une cape. Benoît s’arrête en soulevant les pointes et baissant les talons. Il veut lever la tête, regarder la VMC qui toujours devrait vrombir dans un coin du ciel. Mais il n’y a rien. Son poul s’accélère. Ses poils poussent, l’un après l’autre, puis par touffes, jusqu’à recouvrir complètement sa peau qui était auparavant si bronzée.


Benoît se réveilla aux cris d’Achille et Hector :

“ La tente est attaquée…
- Mais oui, la tente est attaquée !
- Putain, la tente est attaquée !”


Soudain, les deux piquets porteurs s'effondrèrent sur eux-mêmes. La toile fut soutenue pendant un instant de grâce. Et puis tout s'effondra, laissant Benoît, Achille et Hector seuls face à la voûte étoilée.


- Je n'vois plus rien… soupira Hector. Il mit ses doigts dans ses orbites vides, et éclata d'un rire gras.

Achille enfonça d'un coup sec ses deux pattes en bois dans le sable du désert, et grâce à cette assise se redressa d'un coup. Le soleil pointait au-dessus des dunes. Et ses premiers rayons vinrent se poser sur les grosses fesses d'un éléphant disparaissant derrière le dernier élément du paysage.


- Le mec a que ça à faire de venir nous faire chier pendant qu’on dort…

- Putain, le mec a vraiment que ça à faire de bousiller notre tente !


Achille et Hector tournaient autour d'un point invisible dans le sable en invectivant l'éléphant. Ils fulminaient. Et le soleil du désert, en même temps que de faire disparaître les ombres de la nuit, leur donna la face rouge et la langue pendante.


- Qu'a-t-il de plus cet éléphant ?

- Oui, qu'a-t-il de plus ? Il croit tout savoir sur tout… Il se croit si supérieur, putain, si supérieur !

- Tu veux savoir la vérité ? Tu veux savoir la vérité ?

- Ouais, ouais !

- C'est juste un vieil animal chelou. J'ai pas confiance, j'ai pas confiance !

- Benoît, dis-moi, tu as de l'eau ?


Benoît passa un regard vide sur les deux compères. Puis il se retourna, et se mit à marcher vers les dernières dunes du paysage. Là où se trouvait l'éléphant aux grosses fesses quelques minutes auparavant. Ses compagnons le regardèrent partir d'un air interdit. Après quelques mètres, Benoît se retourna et dit :


- Aujourd'hui, il fait chaud. Vous pouvez être tenté de boire de l'eau pour vous hydrater. Mauvaise idée. Le soleil et la chaleur feront bouillir l'eau que vous avez ingéré, engendrant bon nombre de désagréments intestinaux.

Sans attendre de réponses, il repartit vers le désert.

- Benoît, il t'arrives quoi ? Attends-nous, putain !

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